14 sept. 2008

Prix des carburants et sécurité .

Une analyse par des l'un des meilleurs spécialistes français de la sécurité routière

Dans la construction de modèles empiriques de sécurité routière, fondés sur l'observation des faits, l'accroissement du prix du pétrole, comme les réductions du pouvoir d'achat et l'inquiétude des consommateurs dans une période de crise, voire de récession économique, sont des facteurs favorables à la sécurité routière. Le pessimisme des consommateurs n'incite pas à avoir des comportements susceptibles d'accroître les dépenses, à l'opposé ils réduiront les kilométrages parcourus et leur vitesse de circulation. Des spécialistes des marchés pétroliers nous affirment que les jeux financiers misant sur la poursuite de la hausse peuvent être brutalement interrompus par une adaptation associant la réduction de la consommation (du fait des prix actuels et d'un début de récession) et un accroissement même minime de la production. D'autres (plus nombreux) envisagent un pétrole cheminant inexorablement vers 200 $ le baril dans des délais relativement courts, accélérant la révolution des comportements, la poursuite de la réduction des vitesses de circulation et des kilométrages parcourus.

Le niveau de départ pour l'action sur l'insécurité routière du gouvernement actuel est de 4 788 tués pendant les 12 mois qui ont précédé mai 2007 (valeur avec la méthode actuelle prenant en compte les décès survenant au cours des trente jours qui suivent l'accident). La valeur observée fin juillet 2008 (avec la légère erreur qui peut être provoquée par la prise en compte de valeurs provisoires) est de 4 338 tués au cours des douze mois précédents. Depuis mai 2007, la réduction du nombre de tués est de 450, soit 9.4 %.

Il faut remarquer les différences d'évolution des trois indicateurs publiés par l'ONISR. La mortalité subit des variations importantes avec des mois favorables qui peuvent être suivis d'un mois qui l'est moins. La réduction du nombre de blessés hospitalisés semble plus élevée que celle des blessés légers. Il faudra connaître l'évolution récente des consommations d'essence et de gazole, des vitesses moyennes mesurées par l'Observatoire des vitesses, et des kilomètres parcourus, pour avoir une explication de l'évolution constatée, qui demeure dans l'ensemble favorable. Nous sommes actuellement incapables d'attribuer des parts respectives dans cette évolution à la simple poursuite des effets de la politique initiée en décembre 2002 et à la modification des comportements produits par les difficultés économiques et l'accroissement du prix des carburants (la suite)